Architecture

Du donjon médiéval aux blockhaus du XXe siècle, Fort Queyras renferme des témoignages précieux sur l’architecture militaire et son évolution au fil des siècles.

Sa localisation stratégique explique non seulement la construction du premier site défensif mais également le maintien du fort tout au long de l’histoire. Plusieurs fois menacé d’abandon ou de fermeture en raison de ses faiblesses structurelles, le fort résiste et s’adapte.

En 1700, le marquis de Vauban en fait une véritable forteresse militaire et un avant-poste des places fortes de Mont-Dauphin et de Briançon.

Le château fort devient une forteresse militaire

Fin 1692, après l’invasion surprise des troupes savoyardes, le roi charge le marquis de Vauban d’inspecter la frontière et les fortifications royales. Vauban se consacre alors pleinement à la construction d’une nouvelle citadelle (Mont-Dauphin) et charge le marquis de Richerand, ingénieur en chef des fortifications pour le Dauphiné et la Provence, de faire le point sur Fort Queyras.

Plan du château Queyras pour servir au projet de l’année 1700. / Dessin plume et lavis, signé Richerand [Guy Creuzet de Richerand] 19 octobre 1699. Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, article 8, section 1, carton 1, pièce 15.

La question du maintien du fort est de nouveau posée. Son état s’est encore dégradé et les progrès de l’artillerie, apparue au XIVe siècle, le rendent désormais vulnérable à double titre. D’une part, ses murailles ne sont plus en mesure de résister aux nouveaux projectiles. D’autre part, la portée des armes est désormais telle qu’elles pourraient atteindre le fort depuis les sommets et les hauts plateaux qui l’entourent.

Le marquis de Richerand établit un rapport et un projet qui prévoit notamment de démolir la fausse-braie et de la reconstruire en avant des murailles épaissies et rehaussées, de raser les maisons trop proches (ainsi que l’église), d’agrandir l’enceinte. Il est également prévu de construire des bastions et des casemates bastionnées aux murs épais. Le projet prévoit enfin l’amélioration des conditions de vie à l’intérieur du fort.

Les premiers travaux sont rapidement engagés.

En 1700, Vauban revient dans les Alpes et passe deux journées à Fort Queyras. Il étudie le terrain et reprend l’ensemble du projet. Tout en reconnaissant les faiblesses de la forteresse, il en réaffirme l’intérêt.

Le vocabulaire de l’architecture bastionnée

Fausse-braie : enceinte qui entoure tout ou partie de l’enceinte principale, aménagée pour protéger la base des murailles contre les projectiles et éviter la pose directe d’échelles par l’assaillant.

Bastion : ouvrage de forme pentagonale qui fait partie de l’enceinte. Il présente deux faces en saillie et deux flancs qui le relient à l’enceinte. Il remplace la tour qui existait dans les fortifications antérieures. Il est constitué par un talus de terre appuyé sur le mur intérieur du fossé, l’escarpe. Le talus constitue une plate-forme, la banquette, où est disposé l’essentiel de l’artillerie de la place forte.

Escarpe et contrescarpe : ce sont les talus intérieur et extérieur du fossé.

Demi-lune : ouvrage extérieur en forme de « V » destiné à couvrir la courtine et les bastions.

Courtine et rempart : la courtine reliait les tours alors que dans l’architecture militaire bastionnée, le rempart relie les bastions.

Casemate : local souvent partiellement enterré, à l’épreuve des tirs ennemis.